Henri Maccheroni (1932-2016)

BIOGRAPHIE

Peintre, photographe, dessinateur, graveur, Maccheroni élabore une œuvre atypique, dense et polymorphe, s’étageant en séries que des thèmes rémanents (érotisme, vanité, archéologie, ville…) structurent et relient les unes aux autres.

Après des débuts figuratifs assez classiques, Maccheroni s’oriente vers un post-surréalisme biomorphique abstrait, avec l’apparition en 1963 des Mondes inachevés, Nocturnes et Bleus et rouges. Il va collaborer un temps avec le mouvement Phases au travers de la revue du même nom.

En 1969, il entreprend la série des 2 000 photographies du sexe d’une femme. Partant d’abord d’un seul modèle jusqu’en 1972, il va ensuite travailler avec d’autres jusqu’en 1974, dans une exploration inlassable d’un sujet pris dans tous les espaces, sous tous les cadrages possibles.

De sa rencontre décisive avec Bourgeade qui le met en relation avec le marchand d’art Jean Petithory (galerie les Mains Libres), naîtra A. noir corset velu, un des premiers ouvrages de bibliophilie avec photographies.

À partir de 1970, il développe les prémices de son concept d’archéologie virtuelle qui consiste à prendre des éléments/objets/matières ou matériaux comme archétypes supposés de la société contemporaine, pour les métamorphoser, par simple déplacement de leur signification initiale, en fragments, tessons. Ce sont les Archéologies blanches, bronze, noires, l’Espace Malévitch…

En 1972, avec l’Armoire aux bocaux, il s’impose en tant qu’initiateur des Attitudes socio- critiques, concept qu’il intégrera à maintes reprises dans sa démarche artistique. La même année, il fonde le Centre de Documentation des Dessous Féminins au 9 rue Rossini, 0600 Nice. Les œuvres socio-critiques -où la présentation se substitue à la représentation- traitent fondamentalement de la condition humaine et sont à l’origine de la série des Fondations et Utopies.

Sa rencontre avec Michel Butor culmine dans la réalisation commune de livres d’artistes et de bibliophilie : Tarot (1980), La Vallée des Dépossédés et Métro (1981), Récapitulation 2000 (2000), Tocsin (2001), etc.

Depuis 1975, Henri Maccheroni organise son œuvre selon un sérialisme n’obéissant pas à des modes combinatoires d’ordre mathématique et raisonné, mais aux règles plus aléatoires « du hasard et de la nécessité » : autrement dit, la série ici reste « ouverte » ; elle peut être reprise des années après son apparition ou poursuivie parallèlement à d’autres travaux. C’est pourquoi les dates indiquant l’achèvement de la série n’ont qu’une valeur indicative.

Refusant tout retour à l’esthétique, Maccheroni n’envisage la peinture qu’en tant que moyen autre de la pensée -cosa mentale.

En 1980, paraît La Partie de peinture de Jean- François Lyotard dont l’argument est fondé sur l’Archéologie du signe d’Henri Maccheroni.

En 1982, avec son ami, Michel Butor, il fonde et dirige le Centre National d’Art Contemporain (Villa Arson) de Nice… qu’il abandonne avec soulagement en août 1985 !

Avec son travail sur les Fondations et Utopie, il étend et amplifie sa notion d’archéologie virtuelle aux grandes mythologies de la peinture où la mémoire collective demeure en point nodal. Ainsi son œuvre s’inspire autant de l’Antiquité (séries Egypte-bleu, Puniques, Pompéi…) que des métropoles contemporaines (New-York First Time, les Manhattan-gris, les Emblèmes de la ville, les Stèles pour une ville…).

Parallèlement, il poursuit l’élaboration de son Journal d’Eros, vaste « iconographie composée » regroupant différentes séries, essentiellement de photographies mais aussi de dessins, peintures et collages. Henri Maccheroni n’a cessé de pratiquer le détournement voire la subversion des images, croisant les techniques et les genres et échappant ainsi à toute tentative de classification formelle…

Pour faciliter l’appréhension de son œuvre, Henri Maccheroni s’est attaché à cristalliser ses approches successives par l’édition de livres, on en dénombre plus de 150. De nombreux ouvrages (surtout bibliophilie) scellent ses rencontres avec ses amis et poètes, critiques et écrivaines.

Aux dépends d’un amateur.

Photo : Henri Maccheroni en 1993 © Michel Ducruet
Photo : Henri Maccheroni en 1993 © Michel Ducruet

Chronologie des séries

1961-63 : Mondes inachevés
1963-64 : Nocturnes
1969-74 : 2000 photos du sexe d’une femme
1972-73 : Objets socio-critiques
1972-74 : Gaines
1974-82 : Archéologies blanches
Variantes (Archéologies blanches)
1979-80 : Puniques
1980 : Tribades
1981 : Pompéi
1976 : Nymphéas
1976-78 : Archéologies du signe
1977-82 : Egypte-bleu
1978-88 : Hommage à Malevitch
1979-80 : Archéologies noires
1979-80 : Noires (New-York)
1979-82 : First-time (New York)
1980 : Tempo primo (peinture-couture)
1980 : Tempo secondo (peinture-couture)
1980 : Photo-symétries
1980-82 : Manhattan-gris (New York)
1981-82 : Défense d’afficher (New York)
1982 : Villa Hadriana
1983-88 : Archéologies bronze
1983-85 : Carrés bronze
1984 : Terres Etrusques
1988 : l’Espace Malévitch
1984-03 : Crânes et Vanités
1985-02 : Christs
1987 : Sites égyptiens
1988 : Stèles pour une ville
1989 : Méditations archélogiques
1989 : Méditations africaines
1990-93 : Emblèmes de la ville
1992 : Vanités-miroir
1992-94 : Pierres de Temple
1997 : Dessins de sexe
1998-99 : Paris ville-Ténèbres
1999-02 : Nymphéas-méditation
1999-00 : Vanités-méditation
2001 : La Reine de Saba
2001-03 : Fragments de corps
2002-03 : Les Oliviers
2002-03 : Enfers
2003 : Jumièges et Amby (l’ombre et l’oblique)
2003-13 : L’ombre et l’oblique (suite), les enfers, nouvelles nymphéas
2013 : Tipasa, dans les pas d’Albert Camus
2014 : Sexual Stone