Henri Maccheroni est né en 1932 à Nice…

Cette information n’est pas que circonstancielle. Cela le rend proche, par la date et la géographie, d’artistes majeurs du Nouveau Réalisme, comme Arman avec qui il exposait en 1957 à la galerie Matarasso, ou des deux groupes de la peinture analytique et critique actifs à Nice à partir de la fin des années 60 : Supports/Surfaces et le Groupe 70.

Raphaël Monticelli

Ecrivain et critique d’art

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Henri Maccheroni a été lié avec les peintres du Nouveau Réalisme et de la peinture analytique qui forment, avec le mouvement Fluxus, le noyau historique de l’École de Nice. Il a entretenu avec certains de ces peintres comme Arman, Charvolen ou Miguel, une longue et fidèle amitié. Il a été très proche de Pierre Restany, dont on sait le rôle dans la naissance du Nouveau Réalisme.

Pourtant, il n’a jamais pris part à une exposition de l’École de Nice, et ne s’est aligné sur aucune des esthétiques qui composent cette « école ».

Pour compléter ce portrait liminaire des proximités esthétiques de Maccheroni, il faut citer trois noms : Francis Roux, Jean Petithory et Michel Butor.

De la même façon, le peintre a été très lié à François Pluchart, défenseur de l’art corporel et de l’art sociologique, fondateur de la revue ArTitudes, qui signa en 1978 le catalogue de son exposition à la galerie de la Marine, à Nice. Cette relation n’a pas poussé le peintre à s’intégrer aux groupes d’artistes que défendait par ailleurs le critique.

Pour autant, Maccheroni était ouvert aux problèmes posés par les démarches des artistes de tous les mouvements : rapport à l’objet, au corps, à la sociologie, à l’archéologie, au statut du signe, à celui de la forme – figure, géométrie, lyrisme – aux constituants de la peinture : on en trouvera des témoignages à chaque page de ce catalogue. Mais il a traité ces problèmes selon des modalités et une perspective tout originales et personnelles : ce catalogue l’illustre abondamment.

Pour compléter ce portrait liminaire des proximités esthétiques de Maccheroni, il faut citer trois noms : Francis Roux, Jean Petithory et Michel Butor. Avec le premier, il fait ses premiers pas en peinture ; le second, galeriste, éditeur, conservateur, fut le premier à le reconnaître comme peintre. Quant à Michel Butor… ce fut la plus longue et la plus fidèle des amitiés, ce « chant à deux voix en perpétuelle mutation » dont parle l’écrivain.

On retrouve cette curiosité et cette générosité de l’homme et de l’artiste dans son œuvre, dans sa relation avec les écrivains et les poètes, comme dans son action de passeur et de diffuseur de l’art.

Henri Maccheroni aura développé une œuvre singulière, en dialogue, avec les démarches de son temps, tout en s’en démarquant.

Issu de la peinture figurative influencé par le surréalisme et les surréalistes avec lesquels il a conservé des liens durant toute sa vie, il a croisé, connu et souvent défendu des artistes qui appartenaient à des esthétiques parfois fort éloignées de sa propre recherche.

On retrouve cette curiosité et cette générosité de l’homme et de l’artiste dans son œuvre, dans sa relation avec les écrivains et les poètes, comme dans son action de passeur et de diffuseur de l’art.

L’histoire du Centre national d’art contemporain installé à la Villa Arson, à Nice, reste à faire. On peut cependant relever que ce sont ces mêmes qualités qu’Henri Maccheroni y a montrées lorsqu’il a imaginé, créé et dirigé ce centre, avec le soutien complice de Michel Butor, entre 1982 à 1985. Premier Centre national d’art contemporain ouvert en province, premier espace public d’art dirigé par un artiste et un écrivain, le CNAC de Nice propose, lors de son exposition inaugurale en 1984, un thème très butorien : Les Écritures dans la peinture. Le choix des artistes est confié à douze « commissaires d’exposition » représentant de tendances de l’art, toutes différentes – parfois opposées – et exposant plus d’une centaine d’artistes. Un an plus tard, la dernière exposition due au tandem Maccheroni- Butor, « Italia oggi – l’Italie aujourd’hui », offre une image étourdissante de la diversité italienne : musique, design, littérature, musique, où la partition et le livre côtoient la Fiat Uno et les pâtes alimentaires. La peinture est représentée par une quarantaine d’artistes choisis par quatre critiques. Première exposition du genre qui plonge dans toute la culture d’un pays. Entre ces deux expositions phares, une dizaine d’autres et la création d’un « centre de documentation des artistes de la région » qui intégrait en un an quarante artistes – chacun « documenté » par quatre œuvres de moyen format – et qui devaient participer à des expositions-échanges avec les artistes d’autres territoires : la première – et unique – fut réalisée avec l’école d’art de Nantes.

Si ce dernier développement n’a pas de rapport direct avec l’œuvre du peintre, il met en évidence la cohérence de l’homme : singulier et ouvert aux autres, original dans son œuvre tout en favorisant et valorisant les démarches d’autrui, et développant circuits et réseaux… tel l’artiste.

Raphaël Monticelli

Ecrivain et critique d’art