« En continuité »

Henri Maccheroni à Terra Amata

Commissaire d’exposition: Bertrand Roussel

Musée de Paléontologie humaine de Terra Amata
du 21 mai au 28 novembre 2010

Nous savons maintenant que l’évolution
de l’espèce humaine ne s’est jamais interrompue, bien que nous n’en ayons qu’une vague conscience, en quelque sorte un enfouissement, presque indicible, dans notre subconscient.

Or le temps, dans son lent écoulement, lent mais irrémédiable, a maintenu une continuité d’évolution dont il nous faut peu à peu retrouver, aligner, classer les divers fragments épars. M’attacher, m’investir dans la Préhistoire, intervenir de manière contemporaine sur des éléments mis au jour de ce qui a pu se passer 400 000 ans avant notre propre espace- temps est un acte « poétique » sans visée scientifique.

Invité à œuvrer sur la Préhistoire par les responsables du musée qu’ici je remercie vivement, tient sans doute au fait que mes créations trans-culturelles (sites pharaoniques, ruines d’abbayes normandes, puniques, romaines, etc.) m’ont conduit à ouvrir un autre chapitre de mon œuvre, un pan de l’aventure humaine que je n’avais encore jamais abordé, suscitant en moi un vif intérêt : découverte de territoires et lieux où nos ancêtres ont laissé des traces (objets, ossements, foyers, etc.), autant de témoignages de leurs conditions de survie comme de leur mode de vie…

Walter Benjamin s’était assigné pour tâche « d’annoter » la philosophie. La mienne, plus modeste, est de comprendre et d’interpréter, des Anciens aux Modernes, dans mon Archéologie virtuelle, les éléments les plus saillants de la création artistique, architecturale voire poétique.

Toute mon œuvre indique combien je me suis attaché au « temps », inséparable de toute manifestation humaine – tâche ardue mais tâche ô combien exaltante…

Le fragment, le tesson, le tell, la trace, l’empreinte, le signe, sous l’égide du memento mori sont les pistes que j’ai suivies en les interprétant, bien entendu, dans mon langage plastique tout en les insérant dans le continuum déjà énoncé.

Collages, lavis, dessins, photographies, céramiques en raku (avec l’aide intelligente du céramiste Michel Ribéro dont je salue ici le travail, la patience et la générosité) sont les techniques que j’ai adoptées pour ce faire.

Je souhaite que le public prenne en considération cette première exploration du territoire si vaste de la Préhistoire dans mon œuvre.

Henri Maccheroni

En continuité…

Henri Maccheroni est un virtuose des techniques plastiques aussi vari ées que la peinture à l’huile, la photographie noir et blanc, le photomontage, le collage ou la gravure qu’il déploie en séries pour penser des sujets aussi divers que les mythes de la peinture occidentale, la dévastation des œuvres architecturales par le temps, ou la condition humaine (la peine de mort, la torture, l’exploitation des femmes, etc.).

Depuis de nombreuses années, il s’intéresse à l’archéologie avec la réalisation de nombreuses séries de photographies et de toiles.

Il se propose de présenter au musée de Terra Amata son regard sur la Préhistoire, sur le temps, la mort et la trace au travers d’une exposition d’œuvres préexistantes (photographies) ou créées spécialement pour l’occasion (photographies, collages, lavis et rakus) et accompagnées de textes de son complice et ami, Michel Butor.